Regrouper culture et psychiatrie sur la scène de l’une des plus prestigieuses salles de spectacle de la région : c’est le pari fou de l’opération la Seine en folie qui investit ce dimanche 23 juin la Seine musicale à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). À l’origine de cette initiative encore unique, « l’ARPE Psy 92-centre ». Cette association pour le rétablissement des personnes concernées par un trouble psychique et leur entourage réunit une bonne trentaine de soignants bénévoles, de patients et de membres des familles.

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           « Nous avons créé cette manifestation après des demandes de familles qui nous faisaient part du poids de la stigmatisation et du manque de prévention et d’information dans ce domaine », explique le Dr Odile Amiot, Psychiatre à l’hôpital Paul-Guiraud de Villejuif (Val-de-Marne) qui couvre le 92 centre, elle est responsable des consultations pour Boulogne.

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       « Nous sommes dix pour un secteur de 200 000 personnes habitant Boulogne, Marnes-la-Coquette, Vaucresson, Garches, Saint-Cloud, Sèvres et Ville-d’Avray », précise-t-elle. Aujourd’hui, la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine. En termes de moyens, humains et matériels, mais aussi en termes d’image. De ce constat dramatique est née, pour une poignée de soignants, l’envie d’aller plus loin que leurs missions hospitalières avec une trinité : sensibiliser, informer, déstigmatiser. En somme lutter contre les tabous et les préjugés et parler. « Nous avons eu l’idée de mettre tout le monde sur une même scène avec un équilibre entre des tables rondes et des représentations artistiques. Et dans le 92 centre, on a la Seine Musicale… », poursuit la psychiatre. Ce dimanche, soignants, experts, aidants et patients vont donc partager la grande scène, celle qui a accueilli M ou « le Lac des cygnes » !

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           Débats, pièce de théâtre, chorale…

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            Une table ronde sera consacrée à la santé mentale et les médias avec notamment une youtubeuse et la chanteuse Rose qui anime un podcast sur l’addiction et la dépression, une autre sur la souffrance en milieu scolaire et le burn-out, une sur la nécessité de prendre soin des aidants et enfin la quatrième et dernière porte sur « santé mentale et littérature » avec des auteurs, parfois anciens patients, qui partagent leur expérience en BD. Ces débats alterneront avec une pièce de théâtre, une chorale composée de soignants et de soignés, un voyage sonore où une soignante violoncelliste allie musique et sophrologie, une pause humour avec le comédien Antoine Duléry et un moment de slam avec Florent Babillotte. Schizophrène « rétabli » plus que guéri devenu aide-soignant, le quadra a relaté son parcours dans plusieurs livres qu’il dédicacera dimanche. « J’ai été diagnostiqué à 24 ans. À l’époque, on n’imaginait même pas un schizophrène se rétablir et mener une vie normale. Il n’y avait aucun message d’espoir, se souvient-il. La situation a évolué dans le bon sens mais il reste tant à faire et il y a encore une telle méconnaissance. Il faut parler au plus grand nombre, expliquer encore et toujours… »

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« Des personnes ont accepté de nous aider mais ont refusé que leur nom apparaisse »

 

             La Seine en folie est une manifestation gratuite et ouverte à tous mais mercredi soir, plus de 400 tickets avaient déjà été réservés. L’opération a été financée grâce à des dons de la Fondation Falret, de laboratoires, de la MGEN et de dons divers. « Preuve de la sensibilité du sujet, des personnes ont accepté de nous aider mais ont refusé que leur nom apparaisse », glisse un organisateur. C’est donc à une montagne que s’attaque l’équipe de la Seine en folie. Et elle est d’autant plus abrupte que cette stigmatisation et cette image déformées sont involontairement entretenues par les médias et le cinéma selon Odile Amiot, qui estime que « dans l’esprit de beaucoup, consulter un psy c’est être fou ». « La psychiatrie est la seule discipline dans laquelle, par méconnaissance, les diagnostics sont devenus des insultes, ajoute-t-elle. On utilise à tout bout de champs des termes comme autiste, schizo, borderline et on les vide de leur sens, résume l’experte… Non, les schizophrènes ne sont pas comme le Joker ou Hannibal Lecter ! »

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La Seine en folie, dimanche 23 juin, de 10 heures à 20 heures, à la Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt. Entrée libre.